Peut-on compter sur Itamar Ben Gvir ? Devenu ministre, ne va-t-il pas mettre de l’eau dans son vin ? Les sionistes purs et durs sont en droit de se poser la question. Car cet homme, qui s’était distingué jusqu’à présent par un parcours impeccable, a commis récemment un acte pour le moins troublant : il a retiré de son salon le portrait de Baruch Goldstein qui y trônait depuis plus d’un quart de siècle. Non pas qu’il se soit découvert tardivement un désaccord avec ce héros décédé, « plus saint que tous les martyrs de la Shoah » selon les mots du rabbin qui avait prononcé l’oraison funèbre, mais parce que cette photo pouvait entraver son ascension politique. Baruch Goldstein, comme chacun sait, est le colon israélien qui, le 25 février 1994, dans la mosquée du caveau des Patriarches à Hébron, avait tué 29 Palestiniens musulmans en prière et blessé 125 autres à l’aide d’un fusil-mitrailleur.

Soyons clairs : rien ne permet de dire que Ben Gvir ait pris la moindre distance avec Goldstein. Mais le retrait du portrait n’annonce-t-il pas d’autres concessions, des accommodements ultérieurs avec un establishment pourri qui baisse sa culotte devant « les tueurs arabes de Juifs » ?

Ceux qui soupçonnent de reculade, voire de lâcheté, le nouveau ministre de la Sécurité nationale d’Israël devraient cependant se faire inviter dans son salon. Ils y verraient toujours la photo dédicacée du rabbin Meïr Kahane, assassiné par des terroristes arabes à New York en 1990, qui était le maître à penser de Baruch Goldstein. Ce n’est pas ce mollasson de Bibi Netanyahou qui s’afficherait ainsi avec le regretté Kahane ! Il faut donc suspendre son jugement et ne pas crier trop vite à la trahison. Jusqu’à preuve du contraire, Itamar Ben Gvir est présumé innocent de modération. 

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