Que de fois j’ai abrité mon cheval à l’ombre d’un drapeau, tandis que les preux échangeaient des coups d’épée !
Que de journées de bataille, en défendant un enclos inviolable, j’ai dû ramener mes coursiers dans son enceinte, quand les pointes des lances volaient en éclats !
Que de jours d’ébats pour ceux à la vie commode, lorsque mes ébats à moi c’était la guerre flambante, au feu dévorant.
Je m’étais planté dans un lieu bien visible, alors que la guerre rejetait son voile, et les flots de la mort se succédaient égaux, infinis.
Que de fois, dans les heures ardentes de l’après-midi, ai-je galopé dans le désert, au trot serré des chevaux de race,
qui traversaient, intrépides, les vallées terribles, comme des lions que d’autres lions guidaient.
Si je dois mourir, je ne mourrai certes pas d’angoisse à la pensée de la bataille, de cette angoisse qui est la dernière ressource des lâches.
Je ne dirai pas n’avoir jamais partagé la coupe de mort avec son buveur, alors que la mort descendait à l’aiguade visant les poitrines des preux.

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