NEW YORK. C’est un jeudi noir à Wall Street. Noir de monde en tout cas. Sous la statue de George Washington qui domine la rue, les grappes de touristes se succèdent, smartphone à la main et sac I love NY en bandoulière. Depuis les marches qui mènent au Federal Hall, ils trouvent là la meilleure vue pour prendre en photo le temple de la finance mondiale, le New York Stock Exchange, reconnaissable à sa colonnade et son fronton, où le Commerce et l’Industrie entourent l’Intégrité. Mais ce ne sont pas ces allégories qui attirent le regard des gazettes économiques : quelques mètres plus bas défilent sur un écran les cotations du jour, presque toutes en vert, la couleur de la hausse. Depuis l’élection de Donald Trump, le Dow Jones est passé de 18 000 à plus de 23 500 points, soit un bond de près de 26 % en un an ! Et qui permet à l’indice américain d’afficher aujourd’hui un sommet historique. 

Ce matin, la principale place financière mondiale a pourtant l’air d’un géant en sommeil. Les allées et venues sont rares, le poste de sécurité désert, les salles de marchés à peine moins. Depuis le 11-Septembre, la plupart des grandes banques ont quitté le quartier historique, laissant la place à des espaces résidentiels. L’informatisation a fait le reste. Pour avoir la chance de rencontrer des traders en costume trois-pièces, il vaut mieux grimper désormais vers Midtown, et troquer les immeubles de pierre contre des flèches de verre et d’acier. C’est là, près de la 54e rue, que travaille John, un analyste financier de 28 ans. Né dans une famille new-yorkaise aisée, ce grand brun aux traits solides reconnaît que l’élection de Trump a marqué pour lui « une prise de conscience ». « Je n’avais pas saisi jusque-là le décalage entre ma vie et celle de beaucoup de mes concitoyens », explique-t-il dans un café à deux pas du Rockfeller Center. « J’ai voté pour Hillary, comme la plupart de mes amis. Mais ce n’est pas quelque chose dont on parle beaucoup au bureau. Il y a une rupture générationnelle de ce côté-là, les traders plus âgés ont des vues politiques plus conservatrices que ceux de mon âge. » Un avis partagé

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