Le candidat Donald Trump avait promis d’élever un « mur grand, beau et massif » sur la frontière sud du pays, mur dont la construction serait payée par le Mexique. Même après avoir essuyé une bruyante fin de non-recevoir de la part des autorités mexicaines et avoir dû admettre que ce serait bien le contribuable américain qui réglerait cette facture, le président Trump a tenu bon et demandé au Congrès d’allouer une enveloppe initiale de 1,6 milliard de dollars pour esquisser un « nouveau » mur, renforçant et/ou remplaçant de fait l’existant, celui construit par vagues successives sur l’ensemble de la frontière depuis 1994 (date de l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange avec le Mexique et le Canada, que le président actuel souhaite également remettre en cause). Le Congrès a pourtant déjà consacré près de 350 millions de dollars à son entretien.

Sept cents sociétés se sont enregistrées comme possibles contractants : le mur fait avant tout marcher le commerce. Mais huit ont été retenues pour élaborer chacune un prototype coûtant entre 400 000 et 500 000 dollars, et répondant aux critères demandés : faire neuf mètres de haut, ne pas pouvoir être escaladé, avoir des fondations assez profondes pour éviter la construction de tunnels (plus de deux cents trouvés à ce jour), être agréable à regarder côté américain mais dissuasif côté mexicain. Bref, un projet aussi pharaonique que coûteux (on parle d’un coût final de 21 milliards de dollars qui viendrait s’ajouter aux milliards déjà dépensés depuis 1994), et absurde au moment où les chiffres de l’immigration irrégulière n’ont jamais été aussi bas, que le solde migratoire avec le Mexique est nul, et que cette zone frontalière (la Mexamérique) n’a jamais été aussi économiquement dynamique (six millions d’emplois aux États-Unis dépendent du commerce avec le Mexique). Le seul effet qu’aura ce mur sera de poursuivre la militarisation de la surveillance de cette frontière et d’entretenir la violence endémique contre les migrants perpétrée par les cartels de la drogue impliqués dans le business juteux de la migration irrégulière. 

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