Le ridicule ne tue pas forcément. Donald Trump est encore vivant, et rien ne dit que Jair Bolsonaro a rendu son dernier souffle. De ces champions du populisme, on retient autant les mises en scène narcissiques que les outrances verbales. Car un matamore parle aussi avec son corps. Vladimir Poutine a posé plus d’une fois torse nu, notamment à cheval, exhibant une musculature qu’envierait plus d’un dirigeant du G20. Silvio Berlusconi, lui, n’a cessé de remodeler son anatomie, à coups de liftings, de liposuccions et d’implants capillaires : ce zombie sans âge veut sans doute apparaître comme un chef éternel.

Chassez le mytho, il revient au galop

Narguant le Covid, qui allait tuer 683 000 Brésiliens, Bolsonaro invitait ses compatriotes à ne pas être « un pays de tapettes ». Mais, à la veille de la dernière élection présidentielle, pour tourner en dérision des artistes contestataires, il a posté une vidéo de gamin où on voyait son quasi-sosie danser, vêtu d’un simple short et d’une cravate mal nouée autour du cou. Un macho à contre-emploi.

Celui que ses partisans surnomment o Mito (« le Mythe ») ne se contente pas de pitreries. Il s’était fait filmer torse nu sur un lit d’hôpital pour montrer sa cicatrice à l’abdomen, comme un martyr offrant au peuple son corps souffrant. Insomniaque, o Mito dort – ou essaie de dormir – avec un revolver posé sur sa table de chevet. En octobre 2021, après avoir avoué des problèmes de « dysfonction érectile », il confiait se réfugier aux toilettes lors de ses nuits sans sommeil pour « pleurer comme un fou ». Son épouse ignorait, paraît-il, ce drame nocturne : « Elle croit que je suis un dur. » Il ajoutait heureusement, pour la plus grande joie de son auditoire : « Elle n’a pas tout à fait tort, d’ailleurs. » Chassez le mytho, il revient au galop. 

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