En 2008, Plantu confiait à la télévision : « J’aurais aimé être musicien. J’adore faire des dessins, mais la musique va tellement plus loin… » 

Ce mélomane aux goûts éclectiques vibre de plaisir en entendant couiner son crayon-feutre sur la page. Il a un faible pour la bossa-nova, dont les accords dissonants lui rappellent le dessin de presse. Son humour ne naît-il pas souvent de la collision entre deux sujets d’actualité qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre ? 

Les chanteurs l’inspirent. Quand, à 66 ans, Michel Polnareff est devenu papa, il l’a croqué avec une poussette dans laquelle un bébé hurlait : « C’est une poupééée qui fait NON, NON, NOOON ! »

Habitué à faire sourire, Plantu est contraint parfois de commenter des drames. Le jour où Bertrand Cantat a tué sa compagne, les lecteurs du Monde ont eu droit à une scène vide dont seul le micro était éclairé par un projecteur, tandis qu’en coulisses se tenaient un policier et un magistrat… C’est aussi cela la petite musique de Plantu.

Mais une tragédie peut réveiller chez lui les grandes orgues. Quand le chanteur Matoub Lounès a été assassiné par des extrémistes, il nous a montré un cercueil porté par des personnes en pleurs, devant lequel un militaire algérien demandait : « Encore du Kabyle ? », tandis qu’un islamiste barbu, équipé d’une mitraillette fumante, s’exclamait : « Encore de la musique ? »

Un dessin d’actualité, forcément simplificateur, n’est pas fait pour raconter un monde au bois dormant. Plantu, qui refuse de chanter des berceuses, est parfois mal compris. C’est le risque du métier. Les images, dit-on, parlent d’elles-mêmes. Mais elles ne sont pas toujours bien entendues.  

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