Reiser, l’un des « dieux » tutélaires de Plantu, déclarait en 1981 : « Pour moi, le dessin, c’est une forme de journalisme. Jouer à l’artiste, très peu pour moi. » Plantu, qui joue parfois à l’artiste, est, comme son modèle Reiser, avant tout un journaliste dont la pratique du dessin de presse s’inscrit dans une longue histoire professionnelle.

Comme l’a montré l’historien Christian Delporte, la mue du dessinateur-artiste en dessinateur-journaliste a lieu en France après la Première Guerre mondiale. La génération montante des Gassier et Sennep, contrairement à la précédente, n’a guère fréquenté les académies de peinture et estime que la meilleure formation au métier de dessinateur de presse est le journal lui-même ou ses alentours – les cafés que fréquentent les rédacteurs, les typographes, les linotypistes – et surtout le terrain, des couloirs du Parlement aux prétoires des tribunaux. Le dessin se fait plus schématique et s’éloigne des compositions léchées de la Belle Époque ; dessin au trait, il se doit avant tout d’être efficace, compréhensible du premier coup d’œil. C’est surtout la presse d’opinion parisienne qui les publie, presse de gauche (Marianne, L’Œuvre, Le Canard enchaîné) mais aussi, fait nouveau, de droite (Candide, Gringoire), l’une et l’autre utilisant le dessin comme une arme politique. Le dessinateur devient un éditorialiste dont le trait acéré, souvent assorti d’une légende, fait plus sûrement mouche qu’un

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