Celui dont nous t’offrons l’image,
Et dont l’art, subtil entre tous,
Nous enseigne à rire de nous,
Celui-là, lecteur, est un sage.

C’est un satirique, un moqueur ;
Mais l’énergie avec laquelle
Il peint le Mal et sa séquelle,
Prouve la beauté de son cœur.

Son rire n’est pas la grimace
De Melmoth ou de Méphisto
Sous la torche de l’Alecto
Qui les brûle, mais qui nous glace.

Leur rire, hélas ! de la gaîté
N’est que la douloureuse charge ;
Le sien rayonne, franc et large,
Comme un signe de sa bonté !

Pour Baudelaire, le rire est d’abord une grimace diabolique : l’expression de l’orgueil. Et pourtant, certains sages s’élèvent jusqu’à rire d’eux-mêmes. Et l’on se demande si ce portrait du caricaturiste Daumier ne reflète pas aussi le poète paradoxal, dont les vers sur la honte et l’ivresse du péché palpitent aussi d’amour. 

 

Vous avez aimé ? Partagez-le !