Guérir de la vie ?
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Faisons un rêve, transportons les personnages de Claude Sautet dans le Paris d’aujourd’hui, masqué et distancié. Qu’auraient pensé Vincent, François, César ou Rosalie à la vue de ces foules patientant des heures devant des laboratoires pour se faire chatouiller la cervelle avec de longs cotons-tiges ? En cinquante ans, le monde a changé de base. Hier, un smog de tabac épaississait l’atmosphère des cafés, l’alcool coulait à flots, midi et soir, on roulait à tombeau ouvert sans ceinture de sécurité. Aujourd’hui, New York est quasi interdit aux fumeurs, les voitures sont bardées d’assistance électronique, l’espérance de vie s’allonge, une poignée de milliardaires fantasment même l’existence éternelle à coups de manipulations génétiques et de voyages interstellaires.
Jamais l’espèce humaine n’a été aussi puissamment protégée, jamais le catastrophisme n’a autant envahi l’imaginaire occidental. Pas seulement par la faute d’un virus redoutable qui met l’économie à terre, mais aussi du fait d’un réchauffement climatique qui menace durablement l’équilibre du monde. Le principe de précaution existe depuis une quarantaine d’années mais on peine à croire qu’un principe philosophique, même inscrit dans la loi, puisse servir de bouclier imparable. Nous savons depuis les travaux d’Ulrich Beck dans les années 1980 que le développement de la technologie nous a fait entrer dans la société du risque et de son corollaire, l’assurance, et même la réassurance.
Le Covid-19 a révélé une faille dans la carapace des pays riches, une fébrilité voire un affolement devant les efforts à consentir, quand les continents pauvres paraissent plus résilients.
L’historien Georges Vigarello passe en revue les différentes stratégies de lutte contre la maladie au fil du temps, de la puissance conjuratoire de certains bijoux médiévaux jusqu’à l’excellence des outils contemporains mais, au fond, rien ne parvient jamais à nous rassurer, on dirait même que l’angoisse croît en proportion de la connaissance. Disciple de Montaigne, André Comte-Sponville s’alarme de ce besoin extrême de protection, impossible à « rassasier ».
Comment guérir de la condition humaine ? Philosophe et psychanalyste, Anne Dufourmantelle a mené une vie intense et trop brève. Nous publions un extrait de l’un de ses plus beaux livres, Éloge du risque. Elle y prône la nécessité d’affronter son désir, de se laisser surprendre par l’autre. Elle y montre l’obscénité des sociétés assurantielles où le risque zéro est une marchandise et une illusion mortifère. Neuf ans après sa première publication, la lecture de ce bréviaire existentiel n’a jamais paru aussi nécessaire.
« Il me paraît urgent de résister à l’ordre sanitaire »
André Comte-Sponville
Quelles réflexions vous inspire, avec le recul, la façon dont notre pays a vécu l’épidémie de Covid ?
Les spécialistes, au début de la pandémie, craignaient quelque 300 000 morts en France. Six mois plus tard, nous en sommes à…
[Assurances]
Robert Solé
Grâce à la protection sociale, je peux faire face aux conséquences financières de la maladie, de l’invalidité, du chômage et de la vieillesse. Ma pension et ma retraite complémentaire à laquelle j’ai ajouté un placement d’épargne pour plus de sûreté me garantiront un revenu…
Anti-masques, les raisons d’une défiance
Antoine Bristielle
D’abord déconseillé par le gouvernement dans un contexte de pénurie, le port du masque est devenu progressivement obligatoire dans les lieux publics fermés, puis en extérieur dans certaines municipalités. Même si elles récoltent l’approbation d’une large majorité des França…