Anti-masques, les raisons d’une défiance
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D’abord déconseillé par le gouvernement dans un contexte de pénurie, le port du masque est devenu progressivement obligatoire dans les lieux publics fermés, puis en extérieur dans certaines municipalités. Même si elles récoltent l’approbation d’une large majorité des Français, ces obligations sont jugées inacceptables par certains de nos concitoyens. Notre étude menée sur les différents groupes Facebook anti-masques permet de saisir les motivations ainsi que le profil de ces militants.
Leur trait caractéristique est une extrême défiance envers les principales institutions politiques et médiatiques de notre pays, les discours officiels et les obligations qui en découlent étant ainsi perçus avec un large scepticisme dont les causes sont profondément enracinées à l’échelle du pays : comme le montrent très clairement les différentes enquêtes d’opinion, tout comme le déclin du militantisme ou l’évolution catastrophique de la participation électorale à mesure que les années passent, la confiance envers les institutions s’amenuise.
Nous vivons dans une société de la défiance et si les institutions arrivent à fonctionner « malgré tout » en temps normal, le peu d’approbation dont elles jouissent les place sous la menace d’éruptions de colère populaire aussi brutales qu’imprévisibles. Le mouvement des Gilets jaunes de l’automne 2018, agrégeant le mécontentement et la soif de justice sociale d’une large partie des catégories populaires, en avait été l’un des meilleurs exemples.
Le mouvement des « anti-masques » rassemble pour sa part des citoyens au profil totalement différent : ils sont plutôt âgés, avec un fort niveau d’éducation et appartiennent largement aux classes sociales supérieures. Cela nous montre à quel point la défiance s’est diffusée largement dans la population française, et ce même au sein de publics a priori les plus éloignés de ce genre de considérations.
Les causes de ce phénomène sont multiples : déconnexion entre l’envergure des promesses électorales et le manque de marge de manœuvre des gouvernements nationaux, sentiment d’insécurité existentielle dans un monde où les différentes protections étatiques s’étiolent, problème de représentation au sein des institutions de la Ve République, désacralisation de la politique dans les anciens et les nouveaux médias… Sans traitement en profondeur des différentes faiblesses de nos institutions, nul ne pourra être surpris que les normes imposées par celles-ci ne récoltent pas l’assentiment espéré.
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