Il ne se passe pas une semaine sans que paraisse une publication scientifique démontrant l’ampleur de l’impact des pesticides sur la santé et l’environnement.

Face à cette accumulation de preuves, les attaques visant à empêcher qu’on ne rompe avec ces molécules se font de plus en plus fortes. On voit donc des remises en cause du rôle de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) quand elle propose le retrait de pesticides dangereux, ou de l’Office français de la biodiversité, qui fait appliquer la réglementation sur ces produits. On assiste aussi à la promotion de labels, comme la certification « haute valeur environnementale » (HVE), qui ne présentent aucune garantie de non-recours aux pesticides.

Le système agricole basé sur les pesticides est en échec

Le système agricole basé sur les pesticides est pourtant en échec : malgré des soutiens publics massifs, il ne parvient ni à rémunérer les agriculteurs ni à nourrir correctement la population, 16 % des Français déclarant ne pas manger à leur faim.

Mais il reste profitable, notamment pour des entreprises agro-industrielles qui cherchent, par du lobbying, à freiner la transition vers un système juste, équitable et écologique.

Dans ce contexte, nous devons, en tant qu’élus, lutter contre ces pratiques. Grâce au travail de médias et d’ONG, nous avons pu dénoncer auprès du comité de déontologie du Sénat le chantage à l’emploi mensonger déployé par Phyteis, qui représente les fabricants de pesticides, pour lutter contre l’interdiction d’export des molécules interdites en Europe dans des pays tiers. Cela a abouti à une mise en demeure de Phyteis, une avancée contre le lobbying qui biaise le débat public.

Je m’efforce ainsi de remettre les données scientifiques au cœur du débat, notamment les rapports de l’Inserm montrant les impacts des pesticides sur la santé.

Nous promouvons une Sécurité sociale de l’alimentation qui garantirait un accès à tous à une nourriture locale, de qualité, rémunératrice pour les agriculteurs.

Il nous faut aussi accompagner les agriculteurs vers des alternatives, notamment l’agriculture bio, qui doit être le pilier de la transition agroécologique. Nous proposons donc que soient rémunérées les externalités positives de ces systèmes pour l’eau ou la santé, en mettant en place des paiements pour ces services environnementaux, qui seraient aussi un moyen de baisser le coût des produits pour les citoyens.

Nous promouvons également une Sécurité sociale de l’alimentation, laquelle, sur le modèle de la Sécurité sociale, garantirait un accès à tous à une nourriture locale, de qualité, rémunératrice pour les agriculteurs. C’est en agissant avec force pour une relocalisation de l’alimentation que nous pourrons organiser la sortie des pesticides, sans qu’elle se traduise par des importations de produits qui seraient traités avec ces molécules.

Fort de tous ces combats, je reste optimiste. Signe positif, le rapport « Agriculture européenne sans pesticides en 2050 » publié par l’Inrae, institut de recherche agricole public, montre que cette transition est possible, à condition de mettre en œuvre des politiques fortes et coordonnées. Dans mon parcours, malgré de nombreuses oppositions, j’ai pu faire aboutir la loi Labbé qui interdit d’utiliser des pesticides dans les espaces publics et les jardins privés, et les acteurs se sont finalement très bien approprié la loi.

Je suis donc optimiste, convaincu que, par nécessité, les actions de transition vont s’accélérer, du moins si nous continuons à nous battre. C’est pourquoi j’appelle les citoyens à se mobiliser, aux côtés des élus, des organisations paysannes, environnementales et de solidarité, pour construire ensemble le modèle agricole et alimentaire sans pesticides de demain. 

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