Volupté en deçà du périphérique, horreur au-delà… En 1937, le chef de l’urbanisme parisien estimait qu’une rocade circulaire permettrait aux visiteurs étrangers de « dire : "Voici Paris" sans le confondre avec Levallois, Aubervilliers, Pantin, Vitry ou Malakoff ». Mais, au lendemain de la guerre, on n’allait tout de même pas créer une nouvelle ligne de démarcation ! C’est pour faciliter la circulation routière que l’actuel boulevard a vu le jour.

Le périph’ est aujourd’hui la voie urbaine la plus fréquentée d’Europe. Cette ceinture ne produit pas seulement des nuisances sonores et toxiques : c’est une barrière – à la fois physique, économique et psychologique – entre Paris intra-muros et sa proche banlieue. On dit que les montagnes séparent, mais que les mers relient. C’est peut-être vrai des mers, mais pas des flots autoroutiers.

D’aucuns plaident pour la transformation du périphérique en boulevard normal, avec des feux rouges et des passages pour piétons. D’autres, plus radicaux, réclament sa suppression pure et simple, ce qui libérerait 240 hectares, pour des espaces verts, des logements, des bureaux… On peut toujours rêver.

Le boulevard actuel est-il vraiment un rempart séparant deux mondes ? Paris et sa petite couronne comptent, l’un et l’autre, des quartiers sinistres et des coins de paradis. Ce n’est pas un anneau de bitume qui fait la fracture sociale. Le périphérique lui-même illustre ces mondes différents sur les 35 kilomètres de son parcours. Dans le nord, il frôle des immeubles et des locaux industriels, tandis qu’à l’ouest, il se cache sous terre pour ne pas offenser le regard, l’ouïe et l’odorat de riverains privilégiés… Il y a périph’ et périph’. 

 

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