Erri de Luca - Le genêt, ou la fleur du désert
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Ici, sur la croupe sèche
Du mont redoutable,
Le Vésuve exterminateur,
Que n’égaie aucune autre plante, aucune autre fleur,
Tu disperses tes touffes solitaires ;
Genêt parfumé,
Que contentent les déserts. Je te vis aussi
Embellir de tes tiges les zones nues
Qui entourent la ville
Autrefois reine des mortels
Et de cette gloire perdue
Ils semblent, par leur grave et leur muet aspect,
Les ultimes témoins pour quelques promeneurs.
Je te revois sur ce sol, amant
Des lieux tristes et abandonnés du monde,
Fidèle compagnon des destins accablés.
Ces champs émaillés
De cendres stériles, et recouverts
De lave pétrifiée,
Qui claque sous les pas du pèlerin,
Et où se niche et se tord au soleil
Le serpent, et où le lapin
Regagne sa tanière familière, encastrée dans la pierre,
Il fut un temps où des villas et des cultures
Y régnaient joyeuses, dorées d’épis,
Des troupeaux y meuglaient,
On y trouvait des jardins et des palais,
Séjour recherché
Des loisirs des puissants. Et des villes célèbres
Que, sous ses torrents, le mont altier
Avec tous ses habitants écrasa
En déversant sa foudre de sa bouche de flammes.
Le présent paysage est une seule ruine,
Et c’est là ta demeure, ô douce fleur, et comme
Compatissant au mal que les autres subirent,
Tu lances vers le ciel ton suave parfum,
Consolant le désert. Que sur ces rives
Vienne celui qui a coutume d’exalter
Sous les louanges notre condition et qu’il voie
Comment l’aimante nature se soucie
Du genre humain.
[…]
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