EN FRANCE, depuis 1993, les parents peuvent choisir librement le prénom de leur enfant, dans certaines limites. L’administration n’a voulu ni de Nutella pour une fille ni de Jihad pour un garçon… Elle a dû accepter, en revanche, que deux couples du Morbihan appellent leur fils Ambre et leur fille Liam : la cour d’appel de Rennes n’a pas suivi le parquet qui y voyait une « confusion de genre » susceptible de porter préjudice à ces enfants.

Des prénoms changent de sexe, comme l’indiquent les statistiques annuelles de l’Insee. Dany s’est progressivement masculinisé depuis 1965, et Loan a emprunté le même chemin à partir de 2010. Si les Claude et les Dominique, attribués aussi bien à des filles qu’à des garçons, ont quasiment disparu, Camille tient toujours la corde, mais avec des fluctuations. Plutôt masculin jusqu’en 1965, cet autre prénom épicène (du grec epikoinos, « possédé en commun ») s’est peu à peu féminisé, pour devenir unisexe. Et l’on compte désormais autant de garçons que de filles qui s’appellent Andrea, tandis que Sacha, transformé en Sasha, s’approche lui aussi de la parité…

L’épicénéité n’est pas forcément un cadeau. Agacés de devoir préciser leur genre, de jeunes adultes mettent en avant leur deuxième prénom ou adoptent un pseudonyme, quand ils ne demandent pas à modifier leur état civil. Les petit·e·s Camille et Andrea d’aujourd’hui, que des parents ne veulent pas enfermer dans du rose ou du bleu, auront-ils besoin de s’affirmer un peu plus garçon ou fille que leurs camarades Gabriel ou Emma, Léo ou Jade, arrivés en tête du classement de l’Insee en 2019 ? Allez savoir ! Gardons-nous de généraliser. Épicène n’est pas synonyme d’homogène. 

Vous avez aimé ? Partagez-le !