Quelle est la différence entre sexe et genre ?

C’est simple, le genre renvoie à la définition des notions de masculin et de féminin et de leurs relations ; c’est à 100 % un rapport social. La science biologique ne peut parler que de la sexuation, c’est-à-dire de la distinction mâle-femelle. Chez les humains, la rencontre entre un spermatozoïde et un ovule fabrique un corps femelle standard dans 49 % des cas, un corps mâle standard dans la même proportion, mais dans 1 à 2 % des cas elle fabrique des intersexuations : des corps qui ont des attributs mâles et femelles. C’est le cas par exemple de l’athlète sud-africaine Caster Semenya, que ses adversaires accusaient de ne pas être une femme mais un homme. Elle a en réalité un corps intersexué, qui fabrique de la testostérone, avec un chromosome Y, tout en ayant des attributs féminins. La nature n’est donc pas binaire : il n’y a pas que deux sexes.

« Le genre est un universel anthropologique »

Concernant le genre, toutes les cultures humaines pensent la réalité du monde – et tout particulièrement la différence de sexe, la sexualité et les statuts sociaux – avec des définitions sociales et culturelles de ce que sont le féminin et le masculin. C’est un universel anthropologique. Mais ce que recouvrent ce masculin et ce féminin est totalement relatif selon les cultures et les périodes et ne renvoie pas de façon causale à la différence de sexe. Chez les Inuits, par exemple, on décide du genre de l’enfant selon le genre de l’ancêtre dont il est supposé être la réincarnation, et non selon son sexe.

D’où vient alors cette idée que le genre découle du sexe ?

Le monde occidental, et après lui le monde musulman, s’est essentiellement construit sur un quadruple héritage patriarcal : juif, grec, romain et chrétien. Ainsi, dans la Bible, Dieu crée Ève à partir d’une côte d’Adam. Et c’est elle, la femme, qui fait plonger le monde dans le chaos en croquant le fruit de la connaissance, la fameuse pomme. Dans ce monde patriarcal, le masculin et le féminin sont différents et hiérarchisés ; cela se traduit socialement par la subordination des femmes, et culturellement par la disqualification du féminin.

À partir du XVIe siècle émerge la modernité, cette définition occidentale d’un rapport au monde qui ne repose plus sur Dieu mais sur la rationalité scientifique. La lecture théologique du sexe et du genre laisse alors place à une lecture naturaliste, fondée sur la biologie. Des armées de médec

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