Et un orateur dit : « Parle-nous de la liberté. »
   Et il répondit : 
   Aux portes de la cité comme devant votre feu de cheminée, je vous ai vus vous prosterner et vénérer votre propre liberté,
   Comme des esclaves se prosternant devant leur tyran et chantant ses louanges, alors même qu’il les broie.
   Las, dans les allées du temple et à l’ombre de la citadelle, j’ai vu les plus libres d’entre vous porter leur liberté comme un carcan, comme des menottes.
   Et mon cœur pleurait ; car vous serez vraiment libres seulement quand le simple désir de liberté sera pour vous comme une muselière, et que vous cesserez de considérer la liberté comme un but ou un accomplissement.
   Vous serez vraiment libres non pas quand vos jours seront exempts de tout souci, et vos nuits de tout désir ou regret,
   Mais plutôt quand votre vie sera baignée de toutes ces contraintes et que vous saurez vous élever au-dessus d’elles, nus, sans entraves.
[…]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Prophète, traduit de l’anglais par Juliette Barbara © Michel Lafon, 2020

 

Poème proposé par Louis Chevaillier et illustré par Guillaume Chauchat

 

 

 

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