Condamné à la prison à vie pour avoir tenté un coup d’État d’opérette avec quelques pieds nickelés, Louis-Napoléon Bonaparte est interné depuis près de six ans à la forteresse de Ham, dans la Somme. En raison de son nom, le neveu de qui vous savez bénéficie d’un traitement convenable, supérieur à celui dont jouit aujourd’hui un VIP à la Santé. Le 25 mai 1846, il se rase la barbe et la moustache, enfile une tenue d’ouvrier, s’empare d’une planche et, en masquant sa voix, se fait ouvrir le poste de garde… Moins de trois ans après cette évasion rocambolesque, il est élu président de la République, en attendant d’être sacré empereur.

Carlos Ghosn a-t-il médité sur ce destin, inverse du sien en quelque sorte ? C’est avec des moyens plus sophistiqués que l’empereur de Renault-Nissan a pris la poudre d’escampette, dissimulé dans une malle à roulettes percée de trous : une malle censée contenir des instruments de musique, et non un évadé du violon. Opération parfaitement orchestrée, jusqu’à la note finale au cours d’une conférence de presse à grand spectacle : « Je n’ai pas fui la justice, j’ai fui l’injustice. »

En juillet 1849, le prince-président s’est offert un pèlerinage à Ham et y a fait une surprenante autocritique, regrettant d’avoir eu un jour « la témérité » d’enfreindre « les lois de [ma] patrie ». Ce qui ne l’a pas empêché, le 2 décembre 1851, de commettre un coup d’État pour renverser la République et devenir Napoléon III.

Carlos Ier, lui, se dit victime d’un complot. Sa carrière est derrière lui. Pacha devenu paria, peu porté sur la contrition, il réclame des excuses et un parachute doré. Fini les japonaiseries. Il a fait une croix sur le pèlerinage à Tokyo. 

 

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