On a rouvert la porte, on l’a emmené dans un autre bureau. Il avait déjà donné par deux fois ses empreintes, on les lui a réclamées à nouveau. Et de lui faire parapher une quantité de papiers en plusieurs exemplaires où on lui signifiait ses devoirs et ses droits dans la résidence où il allait passer la nuit.

Il ne prenait pas la peine de les lire. Il portait depuis plus de quarante-huit heures les mêmes lentilles. Le décor et les gens n’étaient pas vraiment flous, plutôt une image aux couleurs fatiguées, un vieux tirage aux colorants délavés par le temps. Le son était correct, mais le silence était perturbé par les acouphènes de l’insomnie.

Depuis son interpellation, il avait l’impression parfois de respirer des effluves de kérosène, comme si un avion le suivait, prêt à décoller aussitôt que la justice américaine l’aurait jeté dedans. Ses mains l’agaçaient de se frotter ­nerveusement l’une contre l’autre, son pantalon lui collait aux cuisses, ses chaussettes étaient moites, ses poignets rougis par les menottes.

Il avait beau vider d’un trait les bouteilles d’eau qu’on lui apportait à la demande, c’était toujours pâteux

Vous avez aimé ? Partagez-le !