Est-ce la hausse du mercure et l’approche de l’été qui nous font tourner la tête vers le large ? Ce 8 juin marque en tout cas la Journée mondiale des océans, mais aussi le point de départ de la grande Armada de Rouen, qui réunira pendant dix jours quelques-uns des plus grands voiliers du monde en Normandie. Et on aimerait à notre tour partir sur l’un de ces géants des mers pour éprouver la réalité du monde océanique, en apprécier la surface irisée ou en deviner, comme Magellan avant nous, la profondeur « incommensurable ».

Des profondeurs des abysses à l’écume qui vient caresser nos plages, des calmars géants aux minuscules copépodes, nous avons tout à apprendre de cet écosystème où a germé la vie il y a quelques milliards d’années.

Couvrant 70 % de la surface du globe, les océans sont à la fois le premier et le dernier de nos continents. Premier parce qu’ils abritent la majorité des espèces vivantes sur le globe, régulent le climat terrestre, produisent l’essentiel des services écologiques qui nous permettent de vivre. Dernier parce qu’ils demeurent terriblement mystérieux, malgré les progrès continus de l’océanographie, riches d’une biodiversité qu’on commence à peine à mesurer. Des profondeurs des abysses à l’écume qui vient caresser nos plages, des calmars géants aux minuscules copépodes, nous avons tout à apprendre de cet écosystème où a germé la vie il y a quelques milliards d’années. Encore faut-il, pour cela, veiller à le protéger : si les océans sont les poumons bleus de notre planète, capables d’absorber un quart de nos émissions de CO2, ceux-ci se voient encrassés par nos activités, rendus plus chauds, plus acides, moins accueillants pour des poissons déjà menacés par la surpêche ou l’amoncellement de déchets plastiques – des milliers de milliards d’entre eux s’y entassent déjà, selon une étude récente.

La France, seule puissance présente sur toutes les mers, a un rôle majeur à jouer dans ce futur aquatique.

Le tableau, pourtant, n’est pas bleu d’encre. Les océans ont de la ressource, y compris pour ceux qui développeraient un certain mal de terre. Et la France, seule puissance présente sur toutes les mers, a un rôle majeur à jouer dans ce futur aquatique. Pour ce numéro spécial du 1 hebdo pensé avec l’Institut de l’Océan, nous avons interrogé de nombreux chercheurs de Sorbonne Université et de son alliance, venus de champs scientifiques hétéroclites. Ensemble, ils dessinent un avenir où la « maritimisation » du monde ira croissant, des enjeux stratégiques et commerciaux aux explorations d’un vivant prometteur et surprenant. Sans oublier la question climatique, dont les océans sont à la fois victimes, mais aussi partie de la solution. « C’est par la mer qu’il convient de commencer toute géographie », écrivait Michelet. C’est aussi par elle qu’il conviendra sans doute, à l’avenir, de penser l’histoire. Notre histoire. 

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