La ville et la campagne ont toujours fait couple. Elles sont inséparables, souvent en conflit, parfois en grand amour. Aujourd’hui on confond espace périphérique et campagne, maison pavillonnaire et relégation, paysannerie, pollution et suicide. Doucement ! Les urbains des grandes métropoles ne courent-ils pas dès qu’ils le peuvent vers leurs résidences secondaires ? 48 % d’entre eux ne rêvent-ils pas de quitter la grande ville pour leur retraite ?

Certes, même si la campagne se peuple, la révolution numérique et collaborative éclaire de ses feux puissants, depuis dix ans, les grandes métropoles. Là se concentrent l’innovation, la jeunesse, les start-up, les CDI. 61 % du PIB national en dix métropoles. Au rural, les CDD et les 80 kilomètres-heure… Restent quand même 39 % du PIB, et une grande part de la consommation, en loisirs, vacances, retraite et résidence. 

La France, il est vrai, a utilisé l’opposition entre la ville et la campagne pour faire de la politique. Après 1870, on construisit une République paysanne sur nos 36 000 communes et nos 500 000 élus locaux, on rajouta plus tard 500 000 cheminots. La Commune de Paris, les mouvements ouvriers n’avaient qu’à bien se tenir et les colonies, nous nourrir car ces paysans devaient être nombreux plus que productifs ! 

De Gaulle détruisit les deux tiers des fermes pour garantir notre indépendance alimentaire avec un nouveau modèle agricole. Le « pétrole vert » de la France. Après 68, des milliers de jeunes partirent tenter « l’utopie néorurale » (Danièle Hervieu-Léger et Bertrand Hervieu), par « refus de la ville » (André Micoud). Et puis la ville s’étala. Chacun parcourut 50 kilomètres par jour. Devant la hausse du prix du foncier urbain, usines et ouvriers, retraités et petits employés s’éloignèrent de la ville. Ils devinrent propriétaires, avec deux petits diesels par famille. Ceux de la France qui se lève tôt. Très tôt même. Le travailleur acharné avait enfin sa vie, là. Mais les temps ont changé, il faut être vélo, agriculture urbaine et habitat basse consommation. Une vie réussie devint un échec. La métropole, un ennemi. Le Pen y a trouvé un électorat. Encore de la politique. 

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