Il n’y a pas de dictatures sans consentement. Cette évidence résout l’énigme de leur irruption dans le champ politique d’un pays. On est loin du romantisme journalistique d’autrefois : le dictateur n’est pas le violeur de la Constitution, le tortionnaire d’un peuple victime, l’homme aux chars et au communiqué numéro 1 qui apparaît à la télé nationale en lunettes sombres. Que non ! Là, au XXIe siècle, les dictateurs ont réformé leur image. Ils ne sont plus une chose subie, mais une chose désirée. De quel désir sont-ils l’incarnation ? Cela dépend. Prenons Poutine. L’homme est le portrait du dictateur sexy, viril, sportif, entreprenant, incarné, musculaire. Le body-dictateur. Il s’affirme par opposition à la démocratie, « vieille », molle, indécise, faible, inutile et même dangereuse pour la vie collective et la reproduction de la nation. Poutine est le corps de la dictature, son fantasme matériel. Son jeu de rôle s’appuiera sur ce casting du héros physique. On ne vote pas pour Poutine, on est séduit par lui, ses choix, son côté loup solitaire, beau Sibérien. On l’épouse politiquement.

Mais le dictateur a aussi muté ailleurs, dans le monde dit « arabe », géographie par excellence du tribalisme, du monarchisme grossier et du révolutionnisme induit par des histoires de colonisations et de

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