Les défis de la relocalisation
Temps de lecture : 7 minutes
« Imaginez qu’on arrive à fabriquer un frein de vélo made in France… Ce serait formidable, non ? » Renaud Colin rêve tout haut en même temps qu’il nous fait visiter l’entrepôt de sa société, AddBike. Nous sommes le 4 octobre 2021, à Villeurbanne, dans le Rhône. C’est le milieu de l’après-midi. Dehors, il fait un temps de chien. L’endroit regorge de cartons remplis de fourches à vélo, de cadres de bicyclette, de roues, de garde-boue… Des palettes ont été remisées dans un coin, une machine à coudre dans un autre. C’est un joyeux bazar. Au fond de l’entrepôt, les employés charbonnent comme des lutins de Noël. La fin d’année est toute proche. Les commandes ont pris du retard. Le patron salue les gars et passe dans la pièce du fond pour continuer la visite. AddBike, neuf salariés, est spécialisée dans la transformation de vélos ordinaires en triporteurs. Renaud Colin, le fondateur, a imaginé un habitacle se greffant à l’avant d’une bicyclette.
Le patron revient à son rêve de « freins français » : « Plus personne n’en fabrique en grande série en France. Tout se fait en Chine… » Il s’arrête un instant pour nous montrer un modèle de vélo transformé en vélo-cargo, puis reprend : « Ça pourrait changer… En s’alliant à des sous-traitants de l’automobile français et en utilisant leurs savoir-faire, on pourrait refaire des freins en France. Depuis la crise du Covid, les sous-traitants cherchent de nouveaux débouchés… Il y a encore trois ans, ça ne les intéressait pas. »
C’est au sein d’un collectif d’entreprises locales, le cluster MAD – pour « mobilité active et durable » –, que l’idée a germé. Le cluster regroupe quelque 90 PME de la région Auvergne-Rhône-Alpes, toutes liées au v
« Il y a pire que produire cher, c’est de ne pas produire du tout »
Isabelle Méjean
« Ce qui n’était pas attendu, c’est la survenue de chocs et de difficultés de production un peu partout en même temps. » La chercheuse, qui s’est vu décerner en 2020 le Prix du meilleur jeune économiste par Le Monde et le Cercle des économistes, revient sur les origines des pénuries qui …
[Manques]
Robert Solé
DE QUOI manquons-nous ? Les Anglais ont, paraît-il, beaucoup souffert pendant le confinement en raison de la pénurie de nains de jardin : ils avaient un mal fou à trouver dans le commerce ces petits lutins ventripotents à bonnet rouge et barbe blanche.
Des pénuries ? Profitons-en !
Pablo Servigne
« En 2012, le Forum économique mondial – qui planchait déjà sur le thème de la résilience – faisait remarquer que les chocs systémiques étaient dus à “des chaînes d’approvisionnement efficaces qui ne laissaient pas de place à des évènements catastrophiques”. Or, des évènements catastrophiques,…