« Le mouvement, le changement sont du côté des gouvernants, ministres, patrons ou “experts” ; la déraison et l’archaïsme, l’inertie et le conservatisme du côté du peuple, des syndicats, des intellectuels critiques. C’est cette certitude technocratique qu’exprime Juppé lorsqu’il s’écrie : “Je veux que la France soit un pays sérieux et un pays heureux.” Ce qui peut se traduire : “Je veux que les gens sérieux, c’est-à-dire les élites, les énarques, ceux qui savent où est le bonheur du peuple, soient en mesure de faire le bonheur du peuple, fût-ce malgré lui, c’est-à-dire contre sa volonté […].” Voilà comment pensent les technocrates et comment ils entendent la démocratie. Et l’on comprend qu’ils ne comprennent pas que le peuple, au nom duquel ils prétendent gouverner, descende dans la rue – comble d’ingratitude ! – pour s’opposer à eux. »

Adresse aux cheminots en grève contre le plan Juppé, gare de Lyon, Paris, 12 décembre 1995

 

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