Pour rendre le Front national plus présentable et faire oublier le passé sulfureux de son père, Marine Le Pen l’a rebaptisé en 2018 Rassemblement national. Dans un souci de rassurer les militants, l’héritière a conservé le logo du mouvement, quitte à le modifier. La flamme tricolore – calquée quarante-six ans plus tôt, à une couleur près, sur celle (vert, blanc, rouge) du MSI, le parti néofasciste italien – a été affinée et stylisée. Elle est désormais « inscrite dans un cercle ouvert », pour donner un logo « moins anguleux, plus féminin, plus rond » et, on l’aura compris, « plus rassembleur ».

Marine Le Pen déclare sa flamme à la France entière. Elle épouse toutes les peurs, toutes les frustrations, toutes les revendications. Ses priorités sont les jeunes et les vieux, les travailleurs et les chômeurs, les riches et les pauvres, les gros et les maigres… sans oublier toutes les catégories intermédiaires. Le logos populo-lepéniste a évolué en même temps que le logo. Aux vociférations du paternel a succédé une tout autre musique, qui relève presque du chant scout : « Monte flamme légère / Feu de camp si chaud, si bon / Dans la plaine ou la clairière / Monte encore et monte donc. »

Jusqu’où Marine montera-t-elle ? Le plafond de verre a explosé. La dédiabolisation progresse jour après jour, le diable n’est plus dans les détails de l’histoire. Le Rassemblement national paraît d’autant plus civil et fréquentable que bruit et fureur se déchaînent à l’autre bout de l’échiquier politique. Ce n’est plus Jean-Marie Le Pen qui manie le lance-flammes, mais Jean-Luc Mélenchon. 

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