En 2050, plus de 70 % des francophones vivront en Afrique. Qu’est-ce que cela dit de l’avenir de la langue française ?

Deux choses. D’abord, comme l’aurait dit Auguste Comte, la démographie c’est le destin. Et de ce point de vue, l’avenir de la francophonie est en effet en Afrique. Son centre de gravité est déjà sur le continent et, vu l’évolution de la démographie, il le sera plus encore. Mais c’est aussi une destinée fragile : l’avenir du français sur le continent africain n’est pas écrit ; il faut travailler à le faire exister en s’assurant que le français continue d’être une langue d’enseignement, de science et de création. Dans le cas inverse, si les Africains venaient à arrêter de parler français, alors ce dernier serait réduit à un rôle de langue locale, tout juste réservée à trois pays européens et une petite présence en Amérique du Nord.

Une telle proportion de francophones en Afrique conduira-t-elle à une évolution de la langue elle-même ?

Tout à fait, et ces évolutions sont déjà visibles. Cela va de la création lexicale à l’apparition d’un certain nombre de tournures caractéristiques. Songez au mot « essencerie » introduit par Senghor dans le dictionnaire de l’Académie pour désigner une station essence. Ou encore de « gouvernance », par le même Senghor, pour parler originellement du palais du gouverneur. On peut aussi parler des « dibis », ces grillades d’Afrique de l’Ouest, qui ont donné naissance aux « dibiteries ». Ensuite, il y a des situations contrastées selon les pays. Dans certains d’entre eux, le français sert de lingua franca, de langue de communication au milieu d’une multiplicité d’idiomes. C’est le cas a

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