« La France se meurt. […] Nos élites politiques, économiques, administratives, médiatiques, intellectuelles, artistiques, héritières de Mai 68, s’en félicitent. […] Elles crachent sur sa tombe et piétinent son cadavre fumant. […] Toutes observent, goguenardes et faussement affectées, la France qu’on abat ; et écrivent, d’un air las et dédaigneux, les dernières pages de l’Histoire de France. » Ces lignes, cela ne surprendra personne, sont d’Éric Zemmour, tirées du Suicide français, son best-seller paru en 2014 et vendu à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires. Déclin, décadence, déréliction, dégénérescence, corruption, les mots et les phrases chocs reviennent en boucle dans la prose du polémiste. Ils témoignent d’une vision crépusculaire, apocalyptique de la France contemporaine, mélange de nostalgie (« c’était mieux avant ») et d’invectives contre ceux qu’il accuse d’être responsables de la situation qu’il prétend décrire.

Face au phénomène Zemmour, les commentaires alternent entre fascination et fatalisme. Après tout, l’essayiste d’extrême droite n’est pas le seul à surfer sur la vague décliniste. Celle-ci est depuis près de deux décennies un filon éditorial florissant, exploité aussi bien par une panoplie d’intellectuels conservateurs – de Marcel Gauchet à Alain Finkielkraut, en passant par Michel Onfray, Luc Ferry, Jacques Julliard et toute la réacosphère médiatique qui navigue entre Le Point et Valeurs actuelles – que dans le domaine littéraire où Michel Houellebecq lui a redonné des lettres de noblesse. Quelqu

Vous avez aimé ? Partagez-le !