À cinq mois du premier tour de l’élection présidentielle, et par fidélité à sa vocation d’éclaireur, le 1 vous propose des réflexions de fond sur quelques-uns des grands thèmes qui devraient dominer la prochaine campagne. Soucieux d’échapper aux polémiques vaines, aux postures politiciennes ou de circonstance, nous avons choisi d’aborder des questions aussi cruciales que le pouvoir d’achat, l’immigration, l’écologie, la sécurité ou l’interrogation sur le déclin français – thème du présent numéro – en donnant la parole à des experts reconnus pour leurs solides réflexions, ce qui n’empêche pas les convictions. Alors que les premiers échos de la campagne montrent qu’il est difficile de débattre sans se combattre, notre ambition est de remettre en perspective les enjeux majeurs du scrutin à venir.

Pour inaugurer cette série de cinq numéros qui se succéderont régulièrement jusqu’à l’approche du premier tour, nous avons tenté de répondre à cette question récurrente : la France est-elle vraiment en déclin, et si oui, comment peut-elle y remédier ? À travers une discussion approfondie entre l’avocat et essayiste Nicolas Baverez – qui publia en 2003 son fameux ouvrage La France qui tombe (Perrin) – et le haut fonctionnaire David Djaïz, enseignant à Sciences Po et auteur récemment du Nouveau modèle français (Allary), apparaissent les contours de ce déclin dont Nicolas Baverez montre qu’il n’est pas un sentiment, mais une réalité, tandis que David Djaïz s’attache à développer les chances réelles d’un rebond grâce aux atouts dont dispose notre pays.

Pour ces deux analystes, le décrochage de la France a réellement commencé au tournant des années 1970, au niveau industriel d’abord, puis sur le plan de la compétitivité, du poids dans les échanges mondiaux, de la réussite éducative jusqu’à un soutien dégradé à la recherche. Sans oublier une moindre prise sur les affaires de l’Europe – où l’Allemagne domine – et plus encore du monde, y compris dans le « champ » africain. Si les regards de Nicolas Baverez et David Djaïz divergent parfois, ils se complètent souvent et se rejoignent sur ce constat ainsi formulé par le premier : « Il n’y a pas de fatalité ; il n’y a que des systèmes de pensée, des structures de décision et des organisations dépassés. À nous de les moderniser ! » De son côté, David Djaïz forme ce souhait impérieux : « C’est une véritable organisation de la société pour la fabrique du compromis qui doit être repensée, dit-il. Je serais malheureux que la présidentielle de 2022 élude cela. » Éluder le débat, c’est précisément ce que le 1 veut éviter dans cette époque de grands questionnements. Pour nous, le déclin de l’information n’est pas davantage une fatalité. À condition de savoir s’écouter. À bon entendeur… 

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