Donald Trump avait annoncé qu’il ne serait un dictateur que le premier jour de son mandat. Il avait aussi clamé qu’il mettrait un terme à la guerre en Ukraine en vingt-quatre heures. Il faut croire que, dans un cas comme dans l’autre, cela ne dure plus longtemps… Chaque matin désormais semble rythmé par les oukases du président américain, les annonces tempétueuses, les attaques directes contre l’ordre établi, à l’intérieur des frontières américaines comme dans le reste du monde. La promesse d’un nettoyage ethnique à Gaza, la mise au ban de la Cour pénale internationale, la clôture de l’aide internationale au développement, sont autant de coups de boutoir dans le fragile édifice international, élevé sur les ruines de 1945. Pendant huit décennies, le monde a connu une parenthèse historique, où le droit et la négociation devaient primer, même de façon imparfaite, sur la force et la destruction. Aujourd’hui, Trump et ses acolytes impérialistes semblent prêts à refermer la porte et à jeter la clé derrière eux.

Que veulent-ils, sinon faire régner la loi du dollar ?


Dans cette entreprise, le président américain a pour lui le soutien des plus grandes fortunes de la planète, pas malheureuses de prospérer sur le désordre, sur fond d’angoisse et de prédation des ressources humaines et naturelles. La façon dont Elon Musk notamment, nommé à la tête d’un département de « l’efficacité gouvernementale » hors de tout cadre légal, a cherché à prendre le contrôle du Trésor américain en dit long sur l’appétit de ces nouveaux oligarques pour le pouvoir. Que veulent-ils, sinon faire régner la loi du dollar ? Quelles seront leurs limites ? Ce numéro du 1 hebdo s’attache à décrire ce que l’historien Timothy Snyder n’hésite pas appeler un « coup d’État en cours », pour mieux comprendre les ressorts de l’action de ces milliardaires et leur mépris pour la chose publique.

Car c’est bien le sort de la démocratie qui se joue dans la séquence que nous traversons actuellement, et pas seulement aux États-Unis. Il n’est qu’à voir la séduction de telles politiques jusqu’en France, où elles ont inspiré la complainte de Bernard Arnault. Le cinquième homme le plus riche du monde était suffisamment bien placé à l’investiture de Donald Trump pour en savourer les paroles. De retour en France, le patron de LVMH a donc pesté haut et fort contre la contribution exceptionnelle votée sur les bénéfices des plus grosses entreprises. Le plus inquiétant, ici, n’est pas qu’il ait oublié la baisse majeure de la fiscalité sur les sociétés opérées depuis 2017. C’est que son discours trouve un écho chez d’autres grands patrons, qui voient dans la dérive trumpiste un chemin à suivre. 

Vous avez aimé ? Partagez-le !