Sommes-nous de retour au xixe siècle ? En 1871, Eugène Pottier dénonçait déjà le triomphe des oligarques. Mais de L’Internationale, nous ne connaissons souvent que le refrain. Le goguettier a pourtant le sens de la formule. Lui, le vaincu de la Commune, professait : « Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes. Décrétons le salut commun ! » 

 

L’État comprime et la loi triche,

L’impôt saigne le malheureux ;

Nul devoir ne s’impose au riche,

Le droit du pauvre est un mot creux.

C’est assez languir en tutelle,

L’égalité veut d’autres lois :

« Pas de droits sans devoirs, dit-elle,

Égaux, pas de devoirs sans droits ! »

 

Hideux dans leur apothéose,

Les rois de la mine et du rail,

Ont-ils jamais fait autre chose,

Que dévaliser le travail ?

Dans les coffres-forts de la bande,

Ce qu’il a créé s’est fondu.

En décrétant qu’on le lui rende,

Le peuple ne veut que son dû. (...)

 

Ouvriers, Paysans, nous sommes

Le grand parti des travailleurs ;

La terre n’appartient qu’aux hommes,

L’oisif ira loger ailleurs.

Combien de nos chairs se repaissent !

Mais si les corbeaux, les vautours,

Un de ces matins disparaissent,

Le soleil brillera toujours !

 

C’est la lutte finale

Groupons-nous et demain

L’Internationale

Sera le genre humain.

 

 

© Couplets 3, 4 et 6 de la dernière version, publiée à titre posthume en 1887

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