VOUS n’avez pas le droit de qualifier mon client de délinquant.

– Il a pourtant fait l’objet de plusieurs plaintes concordantes, a été interpellé, gardé à vue, mis en examen…

– Et alors ? Que faites-vous de la présomption d’innocence ? Je vous rappelle que ce principe figure en tête du Code pénal : toute personne suspectée ou poursuivie est considérée comme innocente tant qu’elle n’a pas été déclarée coupable des faits qui lui sont reprochés.

– Mais alors pourquoi demande-t-on à un ministre mis en examen de démissionner ?

– C’est une règle stupide, inventée au début des années 1990, qui a injustement privé de leur poste des gens remarquables. Poussant plus loin l’hérésie, François Hollande et Emmanuel Macron se sont séparés de ministres après la simple ouverture d’une enquête préliminaire, sans mise en examen. On déménage complètement ! La présomption ­d’innocence est foulée aux pieds.

– Revenons à votre client. S’il passe en jugement, c’est qu’il y a contre lui des présomptions de culpabilité. Je présume que…

– Vous n’avez rien à présumer. Des juges s’acharnent contre un grand serviteur de l’État, qui n’a jamais rien eu à se reprocher.

– À vous entendre, cher maître, ce vieux routier de la politique, au cuir épais, serait blanc comme neige, d’une innocence quasi biblique, comme avant le péché originel.

– Mon client a confiance dans la justice de son pays.

– Il apparaît en effet très sûr de lui. Presque arrogant. Pour tout dire, je le trouve un peu présomptueux… Mais si je comprends bien, cher maître, vous assurez la défense d’un coupable innocent. À moins qu’il ne s’agisse d’un innocent ­coupable ? 

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