La question des rapports entre justice et politique s’inscrit en France dans un contexte historique particulier. La fin de l’Ancien Régime est marquée par un conflit aigu entre le pouvoir monarchique et les parlements, c’est-à-dire les cours de justice. Pour décrire cette situation, Saint-Simon écrit dans ses Mémoires : « La robe ose tout, usurpe tout, domine tout. » La Révolution se fera autant contre ces cours de justice que contre le roi, et les régimes qui se succéderont traduiront la volonté d’assujettir la justice au pouvoir politique et de lui interdire d’intervenir dans les décisions qui relèvent du pouvoir politique. Sous la IIIe République, alors que les scandales politico-financiers se multiplient (affaires du canal de Panama, des emprunts russes, Stavisky…), le pouvoir politique fait peu de cas de l’indépendance des juges. La Constitution de la Ve République se gardera de faire de la justice un pouvoir, elle se bornera à lui reconnaître le statut d’une autorité, l’indépendance des juges étant placée sous la garantie du chef de l’État.

La responsabilité politique tend à s’opérer devant les juges

C’est au début des années 1970 que la situation va commencer à évoluer, notamment, avec la création du Syndicat de la magistrature, qui revendique un engagement politique clairement marqué à gauche. La mutation qui s’opère alors ne constitue pas seulement un rééquilibrage des pouvoirs au profit de la justice, elle traduit aussi la revendication de certains juges de s’immiscer dans la décision politique et d’adapter le droit à ce qu’ils estiment être les évolutions positives de la société – ce qui est,

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