Depuis les années 1960, le point-virgule est en déclin. Beaucoup d’écrivains le jugent inutile. On le trouve surtout dans la messagerie électronique, sous forme d’émoticône, pour exprimer un clin d’œil : ;-). Les rares défenseurs de ce signe de ponctuation assis entre deux chaises, plus fort que la virgule mais moins net que le point, y voient une demi-pause salutaire pour faire respirer la phrase.

Houellebecq en fait grand usage. Le jeune metteur en scène Julien Gosselin, qui a adapté Les Particules élémentaires au théâtre, déclarait en 2013 : « La phrase type de Michel Houellebecq, c’est la succession d’une phrase drôle, éventuellement sexuelle, d’un point-virgule, puis d’un énoncé très poétique. »

Serait-ce un procédé ? L’auteur de Soumission et d’Extension du domaine de la lutte s’est toujours défendu d’avoir un style, reprenant à son compte cette maxime de Schopenhauer : « La première – et pratiquement la seule – condition d’un bon style, c’est d’avoir quelque chose à dire. » De toute façon, ses détracteurs estiment qu’il ne dit que des insanités, et ses thuriféraires sont prêts à tout lui pardonner. Dans Les Particules élémentaires, page 162, on lit ceci : « Il hésita devant la porte de l’atelier d’écriture ; puis il descendit un étage. Pendant une vingtaine de secondes il déchiffra le programme de l’atelier d’aquarelle, puis il remonta quelques marches. » Les deux phrases ont exactement la même construction, mais la première est coupée par un point-virgule alors que la seconde n’a droit qu’à une virgule. Pourquoi ? Il doit y avoir là quelque chose de très fort qui nous échappe. Le point-virgule houellebecquien reste un gros point d’interrogation. 

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