Michel Houellebecq - Fin de parcours possible
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À quoi bon s’agiter ? J’aurai vécu quand même,
Et j’aurai observé les nuages et les gens
J’ai peu participé, j’ai tout connu quand même
Surtout l’après-midi, il y a eu des moments.
La configuration des meubles de jardin
Je l’ai très bien connue, à défaut d’innocence ;
La grande distribution et les parcours urbains,
Et l’immobile ennui des séjours de vacances.
J’aurai vécu ici, en cette fin de siècle,
Et mon parcours n’a pas toujours été pénible
(Le soleil sur la peau et les brûlures de l’être) ;
Je veux me reposer dans les herbes impassibles.
Comme elles je suis vieux et très contemporain,
Le printemps me remplit d’insectes et d’illusions
J’aurai vécu comme elles, torturé et serein,
Les dernières années d’une civilisation.
La Poursuite du bonheur (1991) © Flammarion, 1997
Avant d’être romancier, Michel Houellebecq est poète. Dans ces alexandrins parus en 1991, il multiplie les paradoxes pour dire le manque. Entre agitation et immobilité, nature et béton, les détails matériels voisinent les brûlures abstraites. Le bilan individuel devient symptôme d’une crise de civilisation.
« Il y a un côté “tour de France” dans son œuvre »
Agathe Novak-Lechevalier
Quel lien faites-vous entre votre formation de dix-neuviémiste et l’œuvre de Michel Houellebecq ?
Houellebecq est un extraordinaire lecteur de tout le XIXe siècle, qui constitue le fond de sa culture. Ce…
[Point-virgule]
Robert Solé
Depuis les années 1960, le point-virgule est en déclin. Beaucoup d’écrivains le jugent inutile. On le trouve surtout dans la messagerie électronique, sous forme d’émoticône, pour exprimer un clin d’œil : ;-…
Le rire de Houellebecq
Alain Vaillant
Je ne me rappelle pas avoir vu Houellebecq rire, pendant l’une de ses innombrables apparitions médiatiques. Du moins, pas d’un rire franc et massif ; au mieux, il esquisse, comme s’il ne parvenait pas à le retenir, un sourire faussement naïf et…