La « guerre sanitaire » est déclarée. Ce sont les mots du président de la République. En quelques jours, les médecins, le personnel soignant et les hôpitaux sont devenus la « première ressource » de la nation. Tous ceux qui luttent contre le Covid-19 sont mobilisés. Une armée forte de 80 000 médecins hospitaliers et de 323 000 infirmières hospitalières est à pied d’œuvre, et déjà durement éprouvée en Alsace. Une réserve, composée de médecins et d’infirmières partis à la retraite depuis moins de cinq ans, a été levée pour monter au front. Bref, l’hôpital public, appuyé par la médecine militaire, est en ordre de marche, essuyant le feu d’un ennemi invisible.

C’est une prouesse que seules les grandes crises permettent. Un sursaut inespéré car l’hôpital était au bord de la crise de nerfs, ses personnels protestant depuis des années contre une gestion bornée, contre des « fermetures de lits » aveugles et réclamant un plan d’urgence pour les urgences. Le tableau clinique était inquiétant : entre déprime et désespoir dans certains secteurs, focalisant toute l’attention. Chaque ministre de la Santé était sommé de proposer un plan, de débloquer des fonds. Telle était la vie ordinaire de l’hôpital. Les établissements réclamaient toujours plus de crédits pour répondre à une demande de soins exponentielle ; le pouvoir plaidait pour une meilleure affectation des budgets et une simplification de l’organisation des services, tout en la complexifiant toujours plus…

L’irruption d’une épidémie sans précédent a provoqué une trêve quasi générale, même si plusieurs questions se posent. Celle des masques, d’abord. Comment expliquer la lenteur mise à déstocker la réserve stratégique de l’État ? N’existe-t-il aucune unité de production capable en France de les fabriquer ? Celle du tri ensuite. Comment éviter en temps de crise le choix douloureux de soigner en priorité celui ou celle qui a le plus de chances d’en réchapper ? Comment procéder, sinon en osant énoncer des règles applicables par tous les soignants ? La « guerre sanitaire » n’est pas un dîner de gala…

L’heure n’est pas encore aux décorations épinglées sur les blouses blanches. Mais les personnels soignants sont loués par le gouvernement. Tous héros ! En faisant référence au Clemenceau de la Grande Guerre, Emmanuel Macron a déclaré : « Ils ont des droits sur nous. Nous leur devons évidemment les moyens, la protection. Nous serons là. » Dans les grandes villes, des habitants n’ont pas attendu. Ils ont choisi d’ouvrir leurs fenêtres tous les jours, à 20 heures, pour applaudir ces aides-soignantes, ces brancardiers, ces infirmières et ces médecins qui nous soignent sans compter. 

 

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