SAINT-BONNET-LE-TRONCY (Rhône). Le soleil de midi réchauffe les pâturages, balayés par ce vent du nord qui menace la repousse printanière. Indifférentes, trois génisses paissent. En contrebas, la forêt de douglas renvoie par intermittence l’écho d’une tronçonneuse. Un paysan à la retraite fait son bois, sans trop se soucier du confinement. On ne sait pas de quoi le prochain hiver sera fait. Le godet de son tracteur rempli, il disparaît. Le silence est total, si ce n’est ce fichu vent. Mais bientôt les montbéliardes se redressent : le son qui leur parvient est inhabituel par ici. La sirène des pompiers retentit sur la petite route qui mène au bourg.

Au début de l’épidémie, les habitants de Saint-Bonnet-le-Troncy (313 habitants pour 15 km2) étaient convaincus que le virus ne grimperait pas jusqu’à eux, dans ce bout du monde du Beaujolais vert situé entre 490 et 900 mètres d’altitude, où personne ne passe jamais vraiment par hasard. Alors quand l’un d’entre eux, âgé d’à peine 70 ans, a été placé sous assistance respiratoire à l’hôpital de Villefranche-sur-Saône, même les plus gaillards ont compris qu’on n’était pas plus protégé ici qu’ailleurs. La femme du malade vivait seule depuis une semaine, dans l’attente de nouvelles. Ce sont des voisins du couple qui, la voyant s’affaiblir, ont alerté le maire pour envoyer une ambulance. Elle ne voulait pas laisser le chien.

Certes, les maisons ici ont presque toutes un jardin, voire un petit chemin qu’accaparent les enfants pour y faire des allers-retours à vélo. C’est un confinement au grand air, comme en rêvent les Lyonnais, enfermés dans leurs petites surfaces à 70 kilomètres au sud-est de ce village. Mais, dans la mairie déserte, autour de la table du conseil où trône une solution hydroalcoolique faite maison, le maire Pascal Touchard tempère : « Nous sommes confinés comme les autres. Les 

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