À cette époque, je ne savais à peu près rien de Marioupol. En cherchant ma mère, je n’avais jamais eu l’idée de me renseigner sur la ville dont elle était originaire. Marioupol, qui pendant quarante ans s’était appelée Jdanov et n’avait retrouvé son ancien nom qu’après l’effondrement de l’Union soviétique, restait pour moi un lieu intérieur que je n’exposais jamais à la lumière de la réalité. Depuis toujours, j’étais à l’aise avec des approximations, avec mes propres images et représentations du monde. La réalité extérieure menaçait cette maison intérieure et c’est pourquoi je l’évitais autant que possible.

Mon image originelle de Marioupol était marquée par le fait que, dans mon enfance, personne ne faisait la distinction entre les différents États de l’Union soviétique, tous les habitants de leurs quinze républiques étaient considérés comme des Russes. Bien que la Russie ait émergé

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