Combien de milles y a-t-il jusqu’au paradis perdu ?

De Lima à Pont-Aven, du Panama à Arles, de Paris à la Polynésie, Gauguin était un peintre voyageur. Ou peut-être – si on tient compte du fait que la vocation artistique de ce petit-fils de Flora Tristan, descendant par elle d’un vice-roi du Pérou, d’abord marin au long cours vers les Amériques, puis officier sur une corvette engagée dans la guerre de 1870, puis agent de change à la Bourse, a été plutôt tardive – peut-être fut-il plutôt un voyageur essentiel qui a finalement hissé la toile de la peinture pour partir vers son vrai voyage. Pas en recherche d’un ailleurs et de lointains, mais d’autre chose. Pas en quête d’exotisme mais d’autre chose.

Au XIXe siècle, du bain turc à l’oasis en passant par la fantasia et le sérail, l’orientalisme en peinture avait pris en charge un fantasme de sensualité traversé d’un frisson de barbarie. Mais, sans négliger les rêves de conquêtes coloniales qui pouvaient le hanter, l’orientalisme était un fantasme occidental de l’Orient. En embarquant un jour pour les îles du Grand Océan, Gauguin a au contraire pris le large du fantasme occidental. Et pas seulement, peut-être.

Vous avez aimé ? Partagez-le !