Ils sont présents sur tout le territoire, dans un petit village du Puy-de-Dôme comme en plein cœur de Paris. Se nichant dans des sites délaissés, ils peuvent prendre la forme de cafés-bibliothèques, de restaurants-librairies, parfois même de fermes-salles de concert. On les appelle les tiers-lieux culturels. En 2018, on en comptait 18 000 à travers toute la France, et leur nombre ne cesse d’augmenter. L’émergence de ces nouveaux acteurs redessine les contours de notre paysage culturel et bouscule les vieilles habitudes.

Insuffler une seconde vie à des territoires abandonnés

Le « tiers-lieu » culturel tire son nom de l’expression anglo-saxonne third place, un terme forgé par le sociologue américain Ray Oldenburg dans les années 1980 pour désigner ces lieux de sociabilité situés entre l’espace de la maison et celui du travail que sont les cafés ou les bibliothèques. Les tiers-lieux culturels constituent à leur manière de nouveaux espaces intermédiaires à l’intérieur de la vie culturelle, où s’inventent de nouvelles sociabilités. Ces lieux ont émergé dans les années 2000, au cours d’une période de capitalisme effréné. « Depuis la révolution industrielle, explique le sociologue Raphaël Besson, on n’a cessé de sectoriser, diviser, réduire les espaces à une seule et unique fonction. Les tiers-lieux ont émergé en réaction à ce morcellement de l’espace. » En s’installant dans des entrepôts ferroviaires désaffectés (la Friche Lucien à Rouen), d’anciens hôpitaux (Saint-Vincent de Paul, dans le 14e arrondissement de Paris, a accueilli les Grands Voisins de 2015 à 2020) ou des locaux dont la SNCF n’a plus l’usage (Ground Control, qui occupe 4 000 m2 dans le 12e, près de la gare de Lyon), le

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