« QUAND j’entends le mot culture, je sors mon revolver… » La phrase a été attribuée à différents dirigeants nazis – Hermann Goering, Joseph Goebbels ou Alfred Rosenberg – alors qu’on la doit au dramaturge Hanns Johst. Dans Schlageter, la pièce de théâtre qu’il avait créée le 20 avril 1933 à Berlin à l’occasion du 44e anniversaire d’Hitler, l’un des personnages lançait précisément : « Quand j’entends parler de culture, j’arme mon Browning ! » Le 10 mai suivant, des dizaines de milliers de livres « nuisibles » étaient brûlés publiquement dans les villes allemandes.

On n’a cessé depuis lors de paraphraser Johst, en servant sa réplique à toutes les sauces. Qui aurait cru qu’un aphorisme aussi glaçant ferait une telle carrière ? Il faut reconnaître qu’on ne s’est pas privé d’en détourner le sens. Dans Le Mépris, Godard faisait dire à un producteur : « Quand j’entends le mot culture, je sors mon carnet de chèques. » Et un non-violent aussi sérieux que Francis Blanche pouvait affirmer : « Quand j’entends parler de revolver, je sors ma culture. » Plus récemment, on a pu lire ici ou là : « Quand j’entends le mot culture, je sors mon CRS », « je sors mon couvre-feu » ou « je sors mon Castex ».

Chacun entend ce qu’il veut. « Culture » n’a d’ailleurs pas le même sens pour tout le monde : savoir et connaissances pour les uns, films, théâtre, musique, danse ou voyages pour d’autres…

Quand j’entends le mot culture, je vois aussitôt apparaître Jack Lang. Quel autre ancien ministre pourrait se targuer d’être associé ad vitam æternam au fauteuil qu’il a occupé ? Qui se souvient par exemple qu’un certain Jack Lang a été, de mars 2000 à mai 2002, ministre de l’Éducation nationale ? 

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