Dans Requiem pour une nonne, William Faulkner écrit : « Le passé n’est jamais mort, il n’est même jamais le passé. » Dans ma vie d’avant, cette phrase aurait été une jolie phrase. Aujourd’hui, elle m’apparaît juste. Depuis que je suis chroniqueuse judiciaire, mon rapport au temps a changé. Il n’est plus linéaire. Bien sûr, il est toujours possible de tracer une chronologie du fait divers. Cela commence par un titre dans les journaux. Par exemple : « Une mère de famille portée disparue ». Six mots, derrière lesquels une infinité d’histoires peuvent s’ouvrir.

Pour combler l’attente, les paroles envahissent l’espace médiatique.

La matière criminelle interdit d’avoir recours à des généralités. Si ce n’est qu’à chaque fois, il s’agit d’une rupture du quotidien. La banalité de l’existence est frappée par un événement inhabituel, étrange ou anormal. La machine judiciaire va alors se mettre en route. Mais une enquête se réalise sur un temps long, là où l’actualité répond à des exigences d’instantanéité. Pour combler l’attente, les paroles envahissent l’espace médiatique : les réseaux sociaux se nourrissent de réactions en direct, chaque classe politique tient à rappeler sa vision du monde à la lumière de ce qui vient de se passer et, le soir, des experts sont invités à s’exprimer sur les plateaux de télévision. Récemment, à Annecy, la Première ministre Élisabeth Borne a appelé ça « le temps de l’émotion ».

 

Très vite, l’affaire est affublée d’un nom – l’affaire de la Josacine empoisonnée, l’affaire des disparues de la gare de Perpignan, l’affaire du Grêlé… Ce nom va permettre aux lecteurs, spectateurs et auditeurs de l

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