Aérer la chambre du crime
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Lorsque Marcel Proust apprend le décès de M. van Blarenberghe, un ami de ses parents décédés depuis peu, il envoie une lettre de condoléances à son fils Henri, de quelques années plus âgé que lui. La réponse d’Henri arrive le 17 janvier 1907. Une semaine plus tard, Marcel Proust, parcourant Le Figaro, est attiré par le titre d’un fait divers : « Un drame de la folie ». Ce drame est celui d’un matricide : Henri van Blarenberghe a tué sa mère avant de se suicider !
Le fait divers est repris par l’ensemble des quotidiens. Pour L’Aurore, Henri van Blarenberghe, fortuné ayant abusé de toutes les satisfactions, souffrait d’un dégoût universel. Le Journal insiste sur les efforts considérables que le jeune homme avait dû faire pour sa réussite, qu
« Les grands faits divers ont souvent une dimension politique »
Emmanuel Roux
Mathias Roux
Agrégés de philosophie, les frères Roux viennent de publier Le Goût du crime chez Actes Sud. Ils nous expliquent pourquoi, contrairement à ce que disait Bourdieu, le fait divers ne fait pas diversion. Car si celui-ci alimente certes la machinerie de la société du spectacle et ses dérives…
[Chiens écrasés]
Robert Solé
Disons grossièrement qu’il y a trois sortes de faits divers. Les plus spectaculaires, les « affaires », doivent leur notoriété à leur côté énigmatique (« Omar m’a tuer »), à l’extrême jeunesse de la victime (affaire Grégory), au statut social de l’auteur (DSK, Palmade…) ou au caractère idéologiqu…