De la coupe aux lèvres - Jean Follain
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À la Belle Époque et durant l’entre-deux-guerres, le fait divers contamine l’imaginaire littéraire. L’ingénue libertine de Colette rêve d’apaches. Max Jacob et Robert Desnos s’inspirent du roman-feuilleton Fantômas. Jean Follain dilate un assassinat dans la campagne indifférente jusqu’à son substrat métaphysique : la mort n’est-elle vraiment qu’une anecdote ?
Le forban s’inquiète qui ne sait pas
comment annoncer à sa victime
qu’il va l’exécuter ;
elle sourit encore
à quelque rose solitaire,
comment faire ?
une vache meugle au loin,
un peintre lilliputien qu’on ne voit pas
parfait l’écaille des bourgeons,
les routes pleines d’insectes fous
se moquent des hommes,
enfin le meurtre se commet,
ô minute embaumée suspendue
entre la vie et la mort
entre la chair et l’acier.
La Main chaude, Éditions Corrêa, 1933, repris dans Usage du temps, Gallimard, 1943 © Éditions Gallimard
« Les grands faits divers ont souvent une dimension politique »
Emmanuel Roux
Mathias Roux
Agrégés de philosophie, les frères Roux viennent de publier Le Goût du crime chez Actes Sud. Ils nous expliquent pourquoi, contrairement à ce que disait Bourdieu, le fait divers ne fait pas diversion. Car si celui-ci alimente certes la machinerie de la société du spectacle et ses dérives…
[Chiens écrasés]
Robert Solé
Disons grossièrement qu’il y a trois sortes de faits divers. Les plus spectaculaires, les « affaires », doivent leur notoriété à leur côté énigmatique (« Omar m’a tuer »), à l’extrême jeunesse de la victime (affaire Grégory), au statut social de l’auteur (DSK, Palmade…) ou au caractère idéologiqu…