L’envers du fait divers
Temps de lecture : 5 minutes
L’histoire est parvenue à moi sous l’apparence familière du fait divers. Nous sommes en février 2018. Un filet d’informations s’échappe du flux bouillonneux de l’actualité. Un homme a été arrêté, il est soupçonné d’avoir agressé sexuellement et violé des dizaines et des dizaines de femmes durant trente ans, le matin, sur la route entre son domicile et son travail, le long d’une rivière que l’on appelle la Sambre, dans le Nord de la France. L’homme est de ceux que l’on prétend sans histoires, père de famille tranquille, ouvrier apprécié de ses collègues, président du club de foot de son village. Il est l’un des plus importants violeurs en série jamais arrêtés en France. Voilà pour le fait divers. Un fait de nature criminelle qui a quelque chose d’exceptionnel. Ici son ampleur. 56 femmes, peut-être plus. Trente ans. 27 kilomètres.Â
Les dimensions sont aussi glaçantes qu’incohérentes. Comment cet homme a-t-il pu agresser sexuellement et violer autant de femmes aussi longtemps sur un si petit territoire ? C’est avec cette question sans réponse que je monte pour la première fois dans un train pour Maubeuge au mois de juin 2018. Dino Scala est alors en prison depuis plusieurs mois et l’attention médiatique autour de lui sâ
« Les grands faits divers ont souvent une dimension politique »
Emmanuel Roux
Mathias Roux
Agrégés de philosophie, les frères Roux viennent de publier Le Goût du crime chez Actes Sud. Ils nous expliquent pourquoi, contrairement à ce que disait Bourdieu, le fait divers ne fait pas diversion. Car si celui-ci alimente certes la machinerie de la société du spectacle et ses dérives…
[Chiens écrasés]
Robert Solé
Disons grossièrement qu’il y a trois sortes de faits divers. Les plus spectaculaires, les « affaires », doivent leur notoriété à leur côté énigmatique (« Omar m’a tuer »), à  l’extrême jeunesse de la victime (affaire Grégory), au statut social de l’auteur (DSK, Palmade…) ou au caractère idéologiqu…