2,9 milliards de cerveaux humains sont connectés par Internet, soit 40 % des cerveaux de l’humanité. 75 % des Terriens possèdent un téléphone portable. 75 % ! Bien sûr les hommes se sont toujours reliés par des mots, des concepts qui pour eux font sens : Dieu, Révolution, Nation, Amour… Cette capacité à vivre et à mourir pour des mots pourrait même définir l’espèce humaine. Mais là, ce que nous avons inventé est encore plus fantastique – et dérangeant. Car les cerveaux se connectent en tous sens et avec des banques de données immenses. Le savoir est à portée de main pour qui sait le trouver. Le mensonge aussi, bien sûr. La propagande. Mais retenons le positif et sa force à peine explorée. Nous sommes balbutiants, comme aux prémices des écritures. Mais déjà tout s’accélère : la recherche d’une information, d’un rendez-vous, d’un achat, d’un prêt, d’un échange… BlaBlaCar déplace chaque mois en France deux millions de passagers ; le capital d’Airbnb est évalué au double de celui du groupe Accor qui s’est épuisé à construire 500 000 chambres d’hôtel sur la planète… Une immense révolution est en marche dont nous ne connaissons pas encore toute la puissance – ni tous les dangers. Une révolution dans le proche comme le lointain. On n’est plus voisin ou collègue de travail, mais « ami » Facebook. Le destin de l’humanité va en être changé et peut-être même sera-t-elle ainsi en mesure de maîtriser son rapport avec la nature.

Cette révolution technologique favorise une « classe créative » qui tire en avant nos sociétés. C’est elle qui restructure nos métropoles et nos entreprises, qui voyage et apprend à vivre et à créer grâce à une culture de l’usage qui n’impose pas la possession. 61 % de la richesse française est ainsi produite dans les grandes cités. Mais il y a ceux qui sont loin, dans les quartiers, les villages, les Suds. Ceux qui cherchent du sens et en sont privés. Eux aussi sont derrière l’écran, mais souvent sans les moyens de consommer, sans avoir assez étudié pour apprendre. La société collaborative produit ainsi ses néosédentaires qui souvent ont la haine. Sur cette Toile qui se tend, il va falloir apprendre à faire « tête ensemble » – comme disent les créoles –, de la même façon qu’on a appris il y a un siècle à bâtir l’école pour tous. 

Vous avez aimé ? Partagez-le !