Faut-il l’attribuer aux hasards de l’histoire ou à la passion des Français pour la symétrie ? Toujours est-il qu’après de nombreuses péripéties, la République a fini par se donner deux emblèmes, sous forme de triades, que l’on croirait sorties du même moule : d’un côté, liberté, égalité, fraternité ; de l’autre, le bleu, le blanc et le rouge.

Si le bleu exhale un parfum de liberté, rien n’interdit d’associer le blanc à l’égalité. Qu’y a-t-il d’ailleurs de plus neutre, de plus équitable, que cette couleur qui, pour Léonard de Vinci, n’en était pas une dans la mesure où elle les contenait toutes ? Les défenseurs de la justice sociale peuvent se reconnaître dans ce symbole de pureté, d’innocence et de virginité : tous les citoyens, naissant égaux en droits, devraient disposer au départ de la même page blanche.

Soucieux de visibilité, les partis actuels associent leur logo à une couleur. Les Verts ont même pris pour nom l’une d’elles. Aucune formation politique n’a osé cependant choisir le blanc, vieil emblème de la monarchie, remplacé par le drapeau tricolore à la Révolution.

Dans l’Antiquité, explique Michel Pastoureau, on distinguait le blanc mat, albus en latin, qui a donné albâtre, du blanc brillant, candidus, qui a donné candidat, à savoir celui qui revêtait une robe éclatante pour se présenter au suffrage des électeurs.

Autant dire que la démocratie a une dette à l’égard de ce degré zéro de la couleur. Au lieu de la bouder, les partis politiques, qui se proclament tous en faveur de l’égalité des chances, devraient s’en poser en champions. Comme cette lessive qui se vantait de « laver plus blanc que blanc ». 

Vous avez aimé ? Partagez-le !