Que diriez-vous si vous deviez présenter Edgar Morin à des étudiants ?

D’abord, je raconterais la cérémonie de remise de décoration au cours de laquelle il a été élevé commandeur de la Légion d’honneur à titre militaire. À ma connaissance, c’est le seul intellectuel français qui le soit ! C’est un côté extraordinaire de sa personnalité. Edgar Morin est un grand résistant, un combattant qui a eu d’abord des responsabilités à Toulouse, puis à Lyon et à Paris, et… qui s’en est sorti vivant. Une chance énorme, car il a failli mourir dans la clandestinité. Plusieurs de ses camarades ont du reste été arrêtés et torturés.

La seconde chose que je mettrais en avant, c’est sa capacité d’empathie. Il aime les gens ! Il aime la vie. C’est un hédoniste travailleur d’une immense générosité. Enfin, je dirais qu’il a construit son œuvre à partir du terrain – Berlin en 1945, la Californie, Plozévet, Orléans, la Méditerranée, Salonique en particulier, la ville d’origine de sa famille… – et d’immenses bibliothèques. Une œuvre empreinte de l’absence-présence de sa maman, morte jeune, et qui fut une blessure extrême.

Entré presque naturellement dans la Résistance, il s’engage dix ans plus tard face à ce qu’on appelait alors les événements d’Algérie. Quel était son combat ?

Durant les « événements d’Algérie », il a soutenu les minoritaires contre le FLN. Dans cette lutte impitoyable, il est proche de Mohammed Bellounis, membre du Mouvement national algérien (MNA) et qui va fonder l’Armée nationale du peuple algérien. Le FLN va l’emporter et liquider les compagnons de Bellounis en les accusant de travailler pour les Français. Il était préoccupé par la question de la survie de la démocratie à l’intérieur de la guerre. Pour lui, cette lutte devait faire écho à la guerre d’Espagne, lorsque les anarchistes ont été pourchassés et massacrés par les communistes.

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