Edgar Morin a fait ses classes autant dans la Résistance qu’à l’université, où il a étudié l’histoire et le droit. En 1950, il entre au CNRS grâce au soutien du sociologue Georges Friedmann et commence à travailler sur le phénomène encore très nouveau des « communications de masse », ou mass media. Il se passionne rapidement pour ce que cette culture de masse révèle de l’imaginaire de la société. Morin ne fait absolument aucune différence entre une supposée « haute culture » et la culture de masse, c’est quelque chose que j’ai toujours apprécié chez lui. Il goûte tout cela, le comprend et l’apprécie sans hiérarchie. À l’époque, ce n’était vraiment pas courant.

À rebours de la sociologie de l’époque, il s’intéresse aux événements, aux crises, jusque-là considérés comme des épiphénomènes. Pour lui, ce sont des brèches par lesquelles surgissent des courants sociaux sous-jacents. Par exemple, le mouvement yéyé et la nouvelle culture adolescente, dévoilés lors du grand concert rock de la place de la Nation en 1963.

Sa première enquête d’envergure se situe en Bretagne, à Plozévet, en 1965. Plozévet entre tout juste dans la modernité. Morin étudie les transformations qui frappent de plein fouet ce village de deux mille âmes au cœur du pays bigouden, et cherche à en saisir toutes les dimensions : urbanisme, relations sociales, culture, vie privée… et condition des femmes. Elles sont pour lui les « agents secrets de la moderni

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