Fête des mères, fête des pères, fête des grands-mères, soldes d’été, soldes d’hiver, Halloween, Black Friday, Cyber Monday, Single Day… Le calendrier commercial ne néglige aucune émotion, aucune occasion, aucune tradition, fût-elle étrangère. Il lui restait à exploiter une maladie. C’est fait depuis quelques années avec le Blue Monday, troisième lundi de janvier, censé être le jour le plus déprimant de l’année. Pour le compte de l’agence de voyages britannique Sky Travel, qui voulait vendre en plein hiver des séjours au soleil, des publicitaires ont inventé ce concept, basé sur une savante équation, avec l’aval d’un universitaire de Cardiff : [W = (D - d)] × TQ : M × Na. Cette prétendue formule mathématique associe le mauvais temps hivernal à la reprise du travail le lundi, au blues d’après les fêtes, aux dettes contractées à Noël, au manque de motivation…

Comme s’il s’agissait d’un banal coup de cafard dû à la saison et affectant tout le monde, alors que la dépression peut être chronique et gravement handicapante

La supercherie n’a pas tardé à être dénoncée, mais l’affaire était lancée, échappant à ses créateurs : aujourd’hui, nombre de marques et d’enseignes françaises affichent des réductions le troisième lundi de janvier. La clientèle ignore ou a heureusement oublié que ce nom est issu de to feel blue (« être déprimé »). Comme s’il s’agissait d’un banal coup de cafard dû à la saison et affectant tout le monde, alors que la dépression peut être chronique et gravement handicapante.

Le Blue Monday n’a pas manqué de donner naissance à un Yellow Friday : à partir d’une autre équation bidon, le fabricant d’ice-cream Wall’s a décrété le troisième vendredi de juin « jour le plus heureux de l’année ». Mais l’initiative a fait un flop. Le commerce est resté de glace : le soleil dans la tête ne vaut pas le moral dans les chaussettes. 

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