L’entreprise familiale

Jean-Marie Le Pen : le patriarche

Ancien des guerres d’Indochine et d’Algérie, député poujadiste en 1956. En 1972, il participe avec des dirigeants historiques de l’extrême droite à la fondation du Front national, dont il prend la présidence. À partir du choc pétrolier de 1973, le FN fait campagne contre l’immigration : « Un million de chômeurs, c’est un million d’immigrés en trop ! La France et les Français d’abord ! » En 2002, il se qualifie pour le second tour de la présidentielle, lors duquel il obtiendra 17,8 % des voix contre 82,2 % pour Jacques Chirac. Sa pensée politique pourrait être résumée dans cette maxime qu’il a souvent répétée : « Je préfère mes filles à mes nièces, mes nièces à mes cousines, mes cousines à mes voisines, mes voisines à des inconnus et des inconnus à des ennemis. » Il a été plusieurs fois condamné pour apologie de crime de guerre, contestation de crimes contre l’humanité, provocation à la haine, la discrimination et la violence raciale.

 

Marie-Caroline Le Pen : la fille aînée

Très proche de son père, elle s’est engagée jeune dans la vie du FN, a été investie de nombreuses missions politiques. Aux yeux du président du RN, elle était celle qui lui succéderait, le jour venu. Mais en 1998, avec son mari Philippe Olivier, Marie-Caroline Le Pen rompt avec le Front national pour suivre la dissidence de Bruno Mégret. C’est le moment que choisit sa sœur Marine pour gagner les faveurs du patriarche. De retour dans le giron frontiste au milieu des années 2000, Marie-Caroline se rapproche de sa sœur Marine, qui assure lui avoir « totalement pardonné… parce que c’est ma sœur et que nos enfants sont cousins ». Après vingt ans de brouille, Marie-Caroline Le Pen se réconcilie avec son père en 2018, à l’occasion de ses 90 ans. En 2024, elle est candidate RN dans la 4e  circonscription de la Sarthe longtemps détenue par François Fillon.

 

Philippe Olivier : le gendre prodigue

Eurodéputé et proche conseiller de Marine Le Pen. Militant FN depuis 1979, proche du Grece, le groupe identitaire d’extrême droite animé par Jean-Yves Le Gallou à qui l’on doit le concept de « préférence nationale », il a suivi ce dernier dans l’aventure Mégret avant de revenir au Front national. Philippe Olivier a conseillé Marine Le Pen jusqu’en 2012, s’en est éloigné trois ans du fait de sa rivalité avec Florian Philippot. De retour depuis 2015, il est l’un des principaux artisans de la professionnalisation et de la dédiabolisation du parti de Marine Le Pen. Il a notamment plaidé pour le renoncement au Frexit. Mais il n’a jamais coupé ses liens avec l’extrême droite radicale : en 2017, il a recruté pour la cellule idées-images le dirigeant identitaire Philippe Vardon, qui a rejoint Éric Zemmour en 2022.

 

Jordan Bardella : l’ascension météorique

Né en 1995, il a grandi entre une cité HLM de Seine-Saint-Denis où vivait sa mère et un quartier favorisé de Montmorency où il passait ses week-ends avec son père. Il a suivi ses études dans un lycée privé catholique de Saint-Denis, tout en créant une chaîne YouTube sur les jeux vidéo. Il a échoué à entrer à Sciences Po, suivi des études de géographie et milité à partir de 2012 au Front national. Deux fois tête de liste aux européennes (23,34 % en 2019, 31,4 % en 2024), il succède à Marine Le Pen à la présidence du RN en 2022. Pour expliquer l’explosion de sa cote de popularité, les sondeurs parlent d’une « ascension météorique ».

Il a été en couple avec Kerridwen Chatillon, la fille de Frédéric Chatillon, un ancien président du GUD, dont il a été proche avant de se rapprocher davantage du clan Le Pen en entamant une relation qui a duré deux ans avec Nolwenn Olivier, la fille de Marie-Caroline et Philippe Olivier. Plastique dans ses options idéologiques, il a grandi dans la ligne sociale, mais en a écarté deux représentants (Steeve Briois et Bruno Bilde) après son accession à la présidence du parti. On le dit plus libéral et identitaire que Marine Le Pen, il a pu affirmer que « le grand remplacement décrit une réalité qui est juste ». En somme, il incarne un RN « sur deux jambes » qui lutte « pour le pouvoir d’achat et contre l’immigration », pour la fin du mois et contre la fin supposée de la France.

 

Yann Le Pen : une cadette dans l’ombre

La deuxième fille de Jean-Marie Le Pen et de Pierrette Lalanne est la moins exposée médiatiquement, celle qui a préféré s’investir dans des missions d’organisation plutôt que des responsabilités politiques. Contrairement à ses deux sœurs, elle ne s’est jamais présentée à une élection. Elle est la mère de Marion Maréchal, dont on a appris en 2014 que son père biologique était le journaliste, ancien otage au Liban, Roger Auque. Yann Le Pen a été mariée à un ancien dirigeant du FN, Samuel Maréchal, qui a reconnu et élevé Marion Maréchal.

 

Marion Maréchal : « Le Pen or not Le Pen »

Née en 1989, elle a été entourée pendant ses premières années par sa tante, Marine Le Pen, dont le premier prénom, à l’état civil, n’est autre que Marion. En 2012, elle se lance dans la campagne législative à Carpentras sous le patronyme de Marion Maréchal Le Pen. Elle est la seule élue FN et la plus jeune députée. En 2017, elle ne se représente pas et signe son retour à la vie civile en gommant Le Pen de son nom. Elle fonde une école privée de sciences politiques à Lyon et ne cache pas ses divergences avec la ligne du RN. En 2022, elle soutient le rival de sa tante, Éric Zemmour, mais pendant les européennes, elle s’oppose aux attaques anti-RN. Elle renoue avec le clan, au gré d’événements familiaux comme l’hospitalisation de son grand-père ou le mariage de sa cousine Mathilde, l’une des filles de Marine Le Pen. Quand Cyril Hanouna lui a demandé qui, de Marine Le Pen ou de Zemmour, elle sauverait s’ils tombaient à l’eau, elle répond : « La famille d’abord. » Interrogée par Le Point, elle assure : « Quand on parle du clan Le Pen… Eh bien, c’est vrai ! »

 

Marine Le Pen : l’héritière

Benjamine de Jean-Marie Le Pen et Pierrette Lalanne. Elle succède en 2011 à son père comme présidente du FN et entame une politique de dédiabolisation sur une ligne sociale-souverainiste, impulsée notamment par Florian Philippot, son numéro 2 jusqu’en 2017. Jean-Marie Le Pen multiplie alors les désaccords publics et les provocations en réitérant son propos sur les chambres à gaz, « point de détail de l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale ». Marine Le Pen décide de son exclusion en 2015. En 2018, le Front national devient Rassemblement national. Lors de la présidentielle de 2022, elle fait face à la concurrence incarnée par la ligne libérale-identitaire promue par Éric Zemmour, qui est rejoint par plusieurs dirigeants du RN et sa propre nièce, Marion Maréchal. Épreuve dont elle sort renforcée en rassemblant 41,5 % des voix au second tour (18 % au 1er tour de 2012).

 

Louis Aliot : l’ex devenu baron de Perpignan

Fils d’un plâtrier ariégeois mobilisé pendant la guerre d’Algérie et d’une mère pied-noire, il adhère au FN en 1990. Il en a été secrétaire général, vice-président et membre du bureau politique. De 2009 à 2019, il a été le compagnon de Marine Le Pen, dont il a épaulé l’ascension dans le parti frontiste. Il a défendu une ligne nationale-populiste évitant les références antisémites ou racialistes. En 2020, il a conquis la mairie de Perpignan, ce qui fait de lui le deuxième maire FN d’une ville de plus de 100 000 habitants après Jean-Marie Le Chevallier à Toulon. En 2022, lors de la première élection d’un « non-Le Pen » à la présidence du parti, il est largement devancé par Jordan Bardella.

 

Les fidèles

Sébastien Chenu, député du Nord depuis 2017, vice-président de l’Assemblée nationale depuis 2022. Ancien secrétaire général de l’UMP chargé de la diversité culturelle et collaborateur de Christine Lagarde. Fondateur de l’association GayLib, il avait été écarté des listes de la droite pour les municipales de 2014, avait tenté sa chance chez Anne Hidalgo avant d’atterrir au RN. Possible ministre de la Culture en cas de victoire.

Jean-Philippe Tanguy, député de la Somme depuis 2022 et président délégué du groupe RN à l’Assemblée dirigé par Marine Le Pen. Ancien collaborateur de Nicolas Dupont-Aignan, se définissant « de droite bonapartiste », il est le « monsieur économie » du RN.

Jean-Paul Garraud, magistrat, député UMP de Gironde de 2002 à 2012, proche de Thierry Mariani, l’ancien ministre LR soutien de Vladimir Poutine et de Bachar Al-Assad. Député européen, responsable du programme sécurité en 2022, Garraud a été cité en 2020 par Marine Le Pen comme possible ministre de la Justice en cas de victoire.

Laurent Jacobelli, député de la Moselle depuis 2022, porte-parole du RN et de la campagne de Jordan Bardella lors des européennes de 2024. Ancien collaborateur de plusieurs groupes audiovisuels, il pourrait s’occuper des projets du RN concernant l’audiovisuel public : la privatisation était au programme de 2022, un projet qui inquiète jusqu’aux acteurs privés du secteur.

Laure Lavalette, députée du Var depuis 2022, engagée de longue date à l’extrême droite, « catho tradi », opposée aux « théories nauséabondes de la propagande LGBT ». Elle était l’une des treize porte-parole de Marine Le Pen en 2022. Chargée avec Sébastien Chenu de gérer les transfuges éventuels venus de LR.

André Rougé, député européen. À la tête des Horaces, petit groupe de conseillers au service de Marine Le Pen. Proche dans sa jeunesse des groupuscules fascistes puis chargé de mission au RPR, il pourrait diriger en cas de victoire un grand ministre d’État de l’outre-mer. En avril, il affirmait dans un média réunionnais : « Si Marine Le Pen est élue, les étrangers n’auront aucun droit en France. »

Hervé Juvin, eurodéputé depuis 2019, proche de la droite identitaire, homme d’affaires au portefeuille rempli d’actions des compagnies pétrolières. Ce possible ministre de l’Environnement a inventé le « localisme », une écologie à la mode RN qui veut supprimer les énergies renouvelables, lancer un plan nucléaire totalement irréaliste de l’avis des spécialistes et baisser la TVA sur les énergies fossiles.

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