Connaissez-vous l’histoire des règles de grammaire ? Un jour, j’ai rencontré quelqu’un qui faisait un mémoire sur l’origine de l’accord du participe passé avec le complément d’objet direct lorsqu’il est placé avant le verbe ; règle qui, comme vous le savez, s’applique lorsque le passé est composé avec le verbe « avoir » puisque, avec le verbe « être », le participe passé s’accorde avec le sujet. Vous suivez ? Cette règle qu’apprennent les enfants… « La mer est montée » ; « Laurent a joué de chance » ; et donc, ô surprise ! « la balle qu’a ramassée Éric ».

Tout à coup, j’ai saisi que ces règles, que l’on m’avait présentées comme logiques, que j’apprenais avec célérité et constance, avaient une histoire. Clément Marot, poète du début du XVIe siècle, a copié et imposé celle du participe passé sur le modèle italien. Claude Favre de Vaugelas, grammairien du XVIIe siècle, en aurait étendu la codification, même si la pratique en est restée laxiste pendant deux siècles. Ce n’est qu’au XIXe siècle que l’usage s’établit définitivement, notamment dans l’enseignement. À une organisation rationnelle, de type mathématique, se substituait une sédimentation historique des règles. Les langues n’étaient finalement qu’une accumulation de principes, rendus cohérents par des humains qui les recodifiaient, dont le professeur dans ma classe de sixième était l’incarnation, en bout de chaîne : il en disait l’ordonnancement, les règles, les exceptions, les surprises. J’apprenais les additions, les soustractions, les multiplications, les divisions, quelle différence ? Il y avait les règles des lettres et celles des nombres. Elles étaient mystérieuses – le monde des grands. 

Sous l’orthographe, les usages, on retrouve le participe passé qui donne tant de fil à retordre. Toute cette histoire tissée de règles logiques, mais aussi de hasards multiples… 

 

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